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Centrage sur les processus

  • carole laurain
  • 24 févr.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 mars



Le postulat de base de cet article est le suivant : la thérapie complémentaire est un travail centré sur les processus. Voilà, ça, c’est dit, 🙂!


Ces processus sont multiples et vous connaissez le vocabulaire servant à les conceptualiser : le renforcement des ressources et des facteurs de résilience, l’engendrement de nouvelles perspectives et de façon de faire orientées sur les solutions et la motivation, la consolidation des compétences de guérison et l’empowerment qui vont permettre l’autonomisation de la personne…


Nos instruments, en tant que de thérapeutes complémentaires, sont spécifiquement


le toucher, le mouvement, la respiration, et le travail sur l’énergie.


Par l’utilisation de ces outils, les états physiques deviennent perceptibles et peuvent du coup être influencés.


L’interaction thérapeute - client est ici fondamentale : le dialogue est intiment lié au travail centré sur le corps, le complète et le soutient. Il permet de décrire, d’analyser les processus déclenchés et de les intégrer. Même si on pratique une méthode plutôt silencieuse, comme le Shiatsu, il y a toujours des instants où les ressentis et les impressions de changement pourront être discutés, par exemple à la fin de la séance, quand on prend un moment assis sur le futon pour échanger.


C’est cela, le "centrage sur les processus": mettre l'accent sur l'accompagnement des dynamiques internes et externes qui émergent chez le client au cours de la thérapie. Cela signifie que le/la thérapeute ne se concentre pas uniquement sur les symptômes ou les résultats, mais sur le cheminement, les transformations et les mouvements qui se produisent dans l'instant présent.


Plutôt que de chercher à "réparer" quelque chose ou à atteindre un objectif spécifique immédiatement, nous accompagnons la personne dans ce qu’elle traverse, en respectant son rythme et en observant comment ses expériences et ses ressentis évoluent.


Souvenez-vous de ces instants où vous avez remarqué des changements subtils chez un client – dans son langage corporel, dans la tension qui « fond » sous votre main, dans le profond soupir qui va jusque sous le nombril. Les clients rapportent également des observations : une sensation de chaleur ou de froid, ou de tremblements, l’expression spontanée d’une image qui surgit. Tout cela forme et exprime ces "processus" sur lesquels la thérapie se centre.


Bien-sûr, du côté des thérapeutes, une condition indispensable à ce centrage sur les processus, c’est d’être pleinement présent avec ce qui émerge ici et maintenant, sans chercher à devancer ou à contrôler ce qui devrait arriver, en étant juste là, aux côtés de notre client. Etre centré sur les processus, pour le/la thérapeute, c’est écouter, mais pas seulement avec les oreilles : avec les yeux, avec le toucher, avec le Hara.



shawn reid on Unsplash



Le processus n’est pas l’objectif


Le centrage sur les processus ne signifie pas abandonner ou ne plus s’occuper des objectifs, mais plutôt considérer que le chemin vers ces objectifs est tout aussi important que leur atteinte éventuelle.


Ainsi, pendant une séance, au lieu de se focaliser sur une technique ou un résultat immédiat (toujours gratifiant, on est bien d’accord!), on peut s’entraîner à remarquer les petits changements dans l’énergie, la respiration ou l’expression de notre cliente. Ensuite, si nécessaire, on pourra les verbaliser, les amener à l’attention de la personne et explorer avec elle la portée de ces changements.


Le "centrage sur les processus" est une manière de conceptualiser un pan important de la dynamique thérapeute-client : il s’agit pour nous thérapeutes d’être pleinement présents dans l'accompagnement, en mettant l'accent sur l'évolution naturelle et dynamique du client (dynamique dans le sens où des changements s’amorcent, même si c’est parfois très subtile). C’est là que la posture du thérapeute se devrait d’être parfaitement neutre : aucune intention, aucun jugement, de l’écoute, une observation attentive et présente. Quand on l’écrit ou qu’on le lit, c’est un état qui apparaît un peu difficile à atteindre et à tenir mais en fait, dans le quotidien d’un cabinet, avec un peu d’expérience, c’est une posture dans laquelle on se glisse tout naturellement et sans effort… N’est-ce pas?



Mon client est un taiseux…


Comment adapter cette approche à des clients ayant des difficultés à mettre des mots sur leurs ressentis?


Nous avons de la chance : nos outils - toucher, mouvement, respiration et travail sur l’énergie - nous permettent d’explorer des ressentis sans nécessairement devoir passer par les mots.


Le corps est un puissant canal d’expression. Porter attention aux signaux corporels est un des moyens de rester centré sur les processus. Pour cela, il est parfois nécessaire d’aider notre client peu loquace : invitons-le à remarquer ce qui se passe dans le corps - est-ce que des sensations de chaleur, de froid, de tensions apparaissent? Est-ce qu’une douleur présente est en train de disparaître?


Quand les mots sont difficiles à trouver, d’autres formes de communication peuvent permettre d’explorer les processus internes. Vous pourriez par exemple demander à votre client de donner une couleur, ou une forme à une sensation.


Un jour, un client m’a dit que l’éléphant qui était assis sur son thorax depuis longtemps s’était enfin relevé… Pas mal, comme image, n’est-ce pas? Même moi, j'ai mieux respiré!


A propos de respiration, vous pouvez également choisir d’utiliser cet outil-là, comme moyen de souligner les processus en cours, en demandant par exemple à votre cliente de l’observer, sans chercher à la changer. Est-ce que le ventre se soulève? Une oppression ou une gêne est-elle présente à l’inspiration? Les gens sont souvent étonnés de constater qu’ils ne respirent presque pas…


Les ressentis peuvent également être explorés à travers le mouvement, sans passer par un langage complexe. Proposer un exercice de Do In tout simple ou un autre type d’expression corporel (je sais que les kinésiologues aiment bien tapoter certains points…), peut aider le client à accéder à ses ressentis. Parfois, un simple changement de posture peut révéler des processus qui se passent dans la profondeur.


Pour les clients qui ont du mal avec les mots, il est essentiel de valider leur expérience telle qu’elle est, sans chercher à forcer l’expression. Il est normal de ne pas toujours savoir comment mettre des mots sur les ressentis. Et parfois, on n’a juste pas envie de parler…



Le silence comme moment d’intégration et de connexion à son ressenti


Si vous êtes praticien de Shiatsu, il est souvent dommage de briser le silence qui entoure la communication entre votre Hara et celui de votre client avec des questions, même ouvertes. Dans ce cas, c’est le toucher, attentif, soutenant qui pourra aider à éveiller des prises de conscience, exprimées et entendues via des messages corporels comme une respiration plus lente et profonde, le relâchement de certains muscles, une vague d’émotion qui se traduit par des larmes ou une grosse colère soudaine.


Même pour les thérapeutes de méthodes autre que le Shiatsu, les silences peuvent enrichir le processus thérapeutique. Je pense qu’il est important d’apprendre à être à l’aise avec le silence et de pouvoir juste observer ce qui émerge sans forcément le verbaliser, dans une posture de présence et d’attention, sans chercher à combler les « vides ». Vous avez sûrement déjà traversé une séance particulièrement silencieuse pour échanger avec votre client, à la fin, un regard qui confirmait tout le chemin parcouru…



John Towner on Unsplash






Pour plus d'informations, ce document de l'Ortra Tc, dans lequel le terme "processus" apparaît 81 fois... Vous n'ignorerez plus rien sur le sujet ! https://www.oda-kt.ch/fileadmin/user_upload/pdf/F/Grundlagen_F/150511_Profil_Professionnel_-_sprachliche_Ueberarbeitung_230321_fr.pdf

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