L'Examen Professionnel Supérieur
- carole laurain
- 8 janv.
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 mars
Il ressort régulièrement des supervisions que l'Examen Professionnel Supérieur (ci-après EPS), communément aussi appelé Diplôme Fédéral Ortra Tc, suscite bien des inquiétudes. Il s'avère que ces inquiétudes proviennent surtout de l'aura un peu mystérieuse qui entoure cette étape dans la vie d'un thérapeute complémentaire. Le but de ce post est d'éclaircir, un peu et en toute modestie, la chose...
Résumé en 30 secondes :
Vous pensez être au bout du chemin avec votre diplôme de thérapeute en poche ? Pas si vite ! L'EPS (Examen Professionnel Supérieur) est une étape cruciale qui transforme votre expertise technique en véritable profession reconnue. Ce n'est pas qu'un simple examen - c'est votre passeport pour intégrer le système de santé suisse en tant que thérapeute complémentaire diplômé.
Dans cet article, découvrez les secrets pour réussir les 4 épreuves de l'EPS, les pièges à éviter et les conseils d'initiés pour vous préparer efficacement. Que vous soyez en formation ou déjà praticien, ces informations sont essentielles pour faire de votre passion un métier reconnu.
Quelle est la différence entre mon diplôme de méthode et l'EPS?
Les compétences opérationnelles, théoriques, en lien avec votre méthode, shiatsu, kinésiologie ou autre, sont testées à la fin de vos études, lors du diplôme final.
Lors de l'EPS, ce qui est testé, ce sont vos compétences en tant que thérapeute complémentaire. Travaillez-vous selon le profil professionnel de l'Ortra Tc? Avez-vous compris ce que cela implique?
Au niveau de l'EPS, ce n'est donc pas du tout la méthode qui est testée mais vraiment votre manière de vous reposer sur les standards de l'Ortra TC, afin que votre pratique professionnelle s'intègre dans le système de la santé suisse.
Quels sont les différents acteurs de cet EPS?
A la base de chaque EPS, il y a évidemment une méthode. Chaque méthode reconnue par l'OrtraTc est représentée par une association. C'est cette dernière qui est responsable pour définir la substance, le contenu de la méthode et créer ainsi l'identité métier (IDMET). On pourrait comparer l'IDMET à une sorte de cahier des charges.
L'Ortra TC : le but principal de cette organisation est de développer, de réaliser et d'organiser l'EPS. L'Ortra TC ne forme absolument pas, ce n'est pas son rôle et constituerait un conflit d'intérêts.
Le SEFRI : le Secrétariat d'Etat à la Formation, la Recherche et l'Innovation valide le règlement d'examen. Il est également chargé de surveiller les examens pour s'assurer que l'Ortra TC les met sur pied selon les règles de l'art.
Finalement, il y a les écoles et autres instituts de formation qui sont accrédités Ortra TC ou pas, que ce soit au niveau de la méthode ou du tronc commun. Si l'école est accréditée, vous obtiendrez un certificat de branche directement à l'issu de vos études, certificat qui est obligatoire pour vous inscrire à l'EPS. Si vous faites ou avez fait votre formation dans une école qui n'est pas accréditée, vous devrez passer par une procédure d'équivalence et rédiger un essai. Choisir une formation accréditée, c'est mettre pas mal de chances de réussite de l'EPS de son côté, à mon avis…
Quelles sont les prérequis, pour l'inscription à l’EPS?
Un certificat de branche
Un diplôme du degré secondaire II (maturité gymnasiale ou professionnelle, CFC, AFP…)
Une pratique professionnelle supervisée dans le domaine de la thérapie complémentaire. En tout, ce sont 36 heures qui sont exigées, dont, au minimum, 8 heures de supervision individuelle. Si ce dernier format vous convient particulièrement, vous pouvez tout à fait faire, par exemple, 30 heures de supervision individuelle et 6 heures de supervision en groupe, ou alors, autre exemple, 18 heures de chaque, voire 36 heures de supervision individuelle! 2 superviseurs différents sur l’ensemble des heures sont exigés.
Si vous avez obtenu votre certificat de branche à l’issu d’une formation dans une école agréée Ortra Tc, vos heures de supervision devront être effectuées entre la date de l’obtention de votre certificat de branche et l’inscription à l’EPS.
Si vous avez effectué vos études dans une école non agréée et que vous avez obtenu le certificat de branche par le biais de la procédure d’équivalence, les heures de supervision qui comptent sont celles qui ont été effectuées entre la fin de vos études et l’inscription à l’EPS. Il n’est donc pas nécessaire d’attendre d’avoir réussi le certificat de branche pour commencer les supervisions.
Si au moment où votre méthode a été admise par l’Ortra TC vous pratiquiez déjà à titre professionnel depuis au moins 5 ans à 30% ou 4 ans à au moins 50% et que vous avez obtenu votre certificat de branche par le biais de la procédure d’équivalence, vous n’aurez pas effectuer de supervision pour vous inscrire à l’EPS.
A savoir que que le SEFRI rembourse à hauteur de 50% les coûts de certains superviseurs (liste des supervisions remboursées : https://www.becc.admin.ch/becc/public/sufi/meldeliste/detailBeruf/85541).
Finalement, les supervisions en groupe peuvent faire office de formations continues si la personne qui supervise est agréée par l'Ortra TC (liste : https://www.oda-kt.ch/fr/supervision/superviseurs).
Une pratique professionnelle représentant au moins 600 heures de traitements et de gestion de cabinet. Cela représente deux ans d'activité à 50% ou 3 ans à 30% au minimum. Le postulat de base est que thérapeute complémentaire est un vrai métier et non pas une sorte d'activité accessoire ou un hobby. Par exemple, travailler à 10% pendant 10 ans, ce n'est pas une pratique qui pourra être prise en compte, car trop accessoire pour être considérée comme un métier.
Pour les personnes qui ont suivi une formation de thérapeute complémentaire dans une école agréée, vous pouvez commencer à comptabiliser votre pratique professionnelle à partir du moment où vous avez obtenu votre certificat de branche. Les 600 heures démarrent à partir de ce moment-là.
Pour les personnes qui n'ont pas été formées dans une école agréée et qui devront donc faire une procédure d'équivalence pour obtenir un certificat de branche, c'est le moment à partir duquel vous avez obtenu votre diplôme de fin d'études. Si vous avez été diplômé en Shiatsu en 2012, c'est à partir de cette année-là que les heures de pratique professionnelle vont pouvoir compter.
Vous avez tous les prérequis, vous êtes prêt à vous inscrire à l’EPS. Quels documents allez-vous devoir fournir ?
Copie du passeport (valide)
un extrait du casier judiciaire datant de moins de 6 mois
vos diplômes/certificats du secondaire 2
la preuve de l’expérience professionnelle (le document se trouve sur le site de l’Ortra TC)
la preuve des supervisions effectuées (seul le document qui se trouve sur le site de l’Ortra Tc et qui doit comporter les signatures des superviseurs, est admis)
un portrait du cabinet. La forme est libre : vous pouvez mettre un lien vers votre site internet, ou créer un document avec des photos et un texte qui décrit le cabinet, le quartier, en y intégrant, par exemple, une de vos cartes de visite si vous en avez… Vous pouvez également faire un capture d’écran de votre profil Google business! Le but de l’exercice est de prouver que vous avez une vraie activité de thérapeute.
L’EPS
L’EPS se déroule en 4 épreuves, dont l’étude de cas qui devra être envoyée avant l’examen proprement dit.
Les 3 autres épreuves se déroulent à Thoune, en général sur 2 jours.
L’étude de cas
L’étude de cas est un compte-rendu écrit d’une vingtaine de pages environ d’un travail thérapeutique effectué avec un ou une cliente. Pour l’instant, le nombre de séances qui doivent être présentées est 8.
Ayez conscience que la personne qui va corriger votre essai ne connaît peut-être rien à la méthode que vous pratiquez. Il ne s’agit donc pas d’évaluer votre technique mais plutôt votre posture de thérapeute complémentaire. Vous ne réussirez pas cette partie de l’EPS car vous aurez brillamment utilisé les outils de votre méthode et que votre client sera sorti comme neuf de votre cabinet!
Ce qui est évalué, c’est votre compréhension du métier de thérapeute complémentaire, votre posture et surtout vos réflexions personnelles. Ces réflexions sont la base de ce travail et doivent apparaître à la fin de chaque séance ainsi que dans la conclusion, de manière plus conséquente.
Il n’est pas nécessaire que les huit séances se suivent. La première doit évidemment être présentée, ainsi que la dernière, mais si dans le cours du processus thérapeutique, il y a eu une ou deux séances peut-être moins intéressantes, vous pouvez très bien les sauter et reprendre le cours de votre descriptif à une séance ultérieure.
La première séance est en général la plus importante, en terme d'écrit. L’anamnèse, l’objectif, la description de la rencontre et l’instauration, ou pas, du lien de confiance nécessaire à l’alliance thérapeutique, tout cela va prendre de la place, dans votre étude de cas.
Si les descriptions des séances suivantes sont un peu plus courtes, il ne doit toutefois jamais manquer l’élément réflexion. Comment se passe la relation avec le client? Comment vous êtes-vous senti pendant la séance? Avez-vous eu du mal à garder votre neutralité? Auriez-vous pu solliciter les ressources internes de la cliente différemment? Comment gérez-vous les retards systématiques de votre client et l'énervement que cela engendre chez vous? Ce sont des exemples, évidemment...
Doivent donc apparaître des réflexions personnelles pour chaque séance ainsi qu’une réflexion, importante, finale, sur la globalité du processus. Est-ce qu’avec le recul vous auriez pu faire les choses différemment? Est-ce qu’à l’issu de ce processus, vous sentez que des changements doivent être apportés à votre gestion du cadre? N’hésitez pas à vous montrer critique. On n’attend pas de vous que vous soyez un thérapeute parfait, mais plutôt que vous soyez un thérapeute qui sait reconnaître ses failles et se remettre en question.
Utilisez les concepts de l’Ortra TC pour exprimer vos réflexions ou pour décrire une étape de la séance! Il s’agit du langage de la thérapie complémentaire, montrez que vous le comprenez et que vous êtes capable de conceptualiser ce qui se passe dans les 4 murs de votre cabinet.
Ce conseil est valable pour toutes les épreuves! Quoique vous soyez en train d’expliquer, faites les liens avec les compétences de guérison de votre client, sa capacité à faire appel à ses ressources intrinsèques, l’empowerment qui mènera à terme à une véritable autonomie, etc.
C’est Andrea BURKI, la présidente de l’Ortra TC, qui m’avait dit : «Prenez-nous pour des idiots! A chaque fois que vous utilisez un des concepts importants, n’hésitez pas à expliquer en détail ce que ça veut dire! Personne ne le prendra mal et ainsi, on sera sûr que vous savez de quoi vous parlez. »
Bienvenue à Thoune!
8 semaines environ après avoir envoyé votre étude de cas, vous vous présenterez à Thoune pour continuer l’EPS. Voici la suite de cet examen :
2. Entretien sur l’étude de cas - 45 minutes
Ce premier oral va porter sur votre étude de cas. Fun fact : vous ne saurez pas, à ce moment-là, si l’étude de cas a été réussie…
Vous aurez 8 à 10 minutes pour présenter, synthétiser de manière intéressante votre travail écrit. L’idée est de stimuler l’intérêt des experts que vous aurez en face de vous, qu’ils aient envie d’en savoir plus! N'hésitez pas à réveiller l'orateur Tedx qui sommeille en vous, ce sera le moment ou jamais! Cette présentation est quelque chose qui se prépare à l’avance, donc évitez d’avoir le nez dans vos notes, entraînez-vous en vous chronométrant, c'est la partie de l'examen qu'on ne devrait pas rater!
Ensuite, pendant une bonne demi-heure, les experts vont vous poser des questions sur votre étude de cas. Si vous ne pouvez évidemment pas préparer cette partie-là de l’entretien, vous pouvez quand même revoir les bases du profil professionnel, histoire d’avoir tous les concepts en tête.
Les experts (qui sont deux, en général, plus parfois un apprenti-expert) n’ont pas envie de vous mettre en difficulté, ils sont vraiment bienveillants. Mais ils veulent être certains que vous n’avez pas juste appris par coeur le vocabulaire de l’Ortra TC, ils vérifient que les concepts soient absolument intégrés et que vous ayez compris les buts de la TC. N’hésitez pas à intégrer dans vos réponses un concept avec lequel vous êtes particulièrement à l’aise. Les experts repèrent en général ce genre de perche et la saisissent volontiers pour vous donner l'occasion de vous exprimer sur un sujet qui vous inspire!
3. Analyse et réflexion de situations de travail complexes - oral, 30 min & écrit 105 min
La troisième partie de l’EPS, c’est l’examen qui porte sur une situation de travail complexe. Vous allez recevoir des exemples de situations difficiles, qui vont surfer sur les limites de la TC. Il s’agira de démontrer que vous reconnaissez qu’une situation est difficile, avec des limites évidentes. Repérez les red flag, c’est très important et, montrez que vous savez agir de manière appropriée du point de vue de la TC, en apportant des arguments solides et clairs. Occupez le terrain un maximum! Plus vous parlerez (à condition de ne pas parler pour rien dire, évidemment), moins vous laisserez de temps pour les questions des experts!
Pour la partie écrite, il est vraiment important de bien structurer la réponse, point par point, concept par concept. Prenez quelques minutes à la fin de la lecture de l’énoncé pour mettre en place vos idées.
Pour cette étape de l’examen, il sera important de vous rappeler ce qui vous avait été expliqué lors du module BM3 du Tronc Commun (urgence vitale, red flag, capacité de discernement…). N’hésitez pas à relire vos anciennes notes de cours avant le jour-j!
4. Traitement de thèmes spécifiques - écrit, 105 min
Finalement, la dernière étape de l’examen : 1h15 d’écrit, sur des thèmes spécifiques, divers et variés. Les questions vont porter aussi bien sur la sécurité du client que sur la gestion du cabinet, sur les buts de la TC…
Ex. de question : un centre médical ouvre à côté de chez vous. Vous allez les voir pour leur expliquer qu’il serait intéressant d’intégrer votre méthode à leur centre. Quels sont 5 arguments que vous pourriez avancer? (nb : ces arguments se trouvent dans les documents qui se trouvent sur le site de l’Ortra TC).
Il y a plusieurs listes d’arguments, de facteurs ou de principes, sur les documents de l’Ortra TC :
5 principes structurants de la TC
3 facteurs de guérison
3 objectifs de la TC
Contributions de la TC à la société en 5 points
Contributions de la TC au système de santé en 5 points
Positionnement de la TC dans le système de santé en 6 points
Profession de thérapeute TC en 9 points
Relation avec la médecine en 3 points
Vous pouvez évidemment apporter des arguments personnels mais cela vaut vraiment la peine d’apprendre par coeur ces listes. Ce sont quelques points "grattés" facilement et les mots vous viendront de manière plus fluide lors des oraux.
Vous trouverez plus de renseignements à ce propos dans ce document : https://www.oda-kt.ch/fileadmin/user_upload/pdf/F/Grundlagen_F/150511_Profil_Professionnel_-_sprachliche_Ueberarbeitung_230321_fr.pdf
De manière générale, les questions qui reviennent à chaque examen sont ceux en lien avec la sécurité du client, les red flags, les urgences vitales. Il est important d’être au clair avec ces concepts.
Petit conseil pratique pour cette partie de l'examen : utilisez une feuille par question. Ainsi, si à la fin vous avez envie de revenir sur une réponse, de la compléter car vous avez eu une illumination soudaine, vous aurez toute la place! Et prenez assez de stylos pour ne pas tomber en panne d'encre!
Finalement, dans les semaines qui précèdent votre virée à Thoune (magnifique ville, by the way) n’hésitez pas à relire, régulièrement, les documents ci-après, afin d’intégrer les termes spécifiques à notre profession de thérapeute complémentaire :
Et comme on dit : 💩💩💩!!!
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